Un orgue hybride, également appelé orgue mixte, est l’association entre la technologie de l’orgue numérique et celle de l’orgue à tuyaux au sein du même instrument. Les deux partagent le même buffet, et la même console numérique.
Orgue numérique
L’orgue numérique constitue la « console » de l’ensemble ; il est acheté chez un fournisseur d’orgues, dont les leaders du marché sont Viscount, Johannus, Allen, Rodgers. Il apporte les éléments suivants :
- Une console complète possédant deux ou trois claviers de 61 notes, un pédalier de 32 notes, une ou deux pédales d’expression, voire une pédale de crescendo, et un combinateur complet permettant de stocker les registrations ;
- un générateur de sons numériques, qui produit entre 37 jeux et 50 jeux selon la taille de l’instrument ;
- plusieurs sorties son, généralement au format jack 6,35 mm, qui alimentent les hauts-parleurs qu’on aura placés dans le buffet de l’orgue, derrière les tuyaux. On n’utilisera donc pas les hauts-parleurs de l’orgue numérique lui-même, car ceux-ci sont mal placés et bien souvent de piètre qualité ;
- une interface MIDI, qui va servir à piloter la partie à tuyaux.
Amplification
Le son produit par la console numérique doit être restitué par des hauts-parleurs situés dans le buffet de l’orgue, afin de se mélanger avec les sons produits par les tuyaux. La qualité de l’amplification et des hauts-parleurs est un élément clé du succès de l’ensemble. Leur coût ne constituant qu’une faible partie du budget total, il ne faut pas hésiter à investir dans un système performant.
Orgue à tuyaux
Dans le cas d’un orgue hybride, la partie à tuyaux est largement simplifiée par rapport à celle d’un orgue classique. En effet, il n’y a pas de clavier ni de pédalier à cet endroit, donc aucun élément de transmission mécanique n’est à prévoir. On construit un sommier simplifié, entièrement électrifié, qui va être pilotable à distance depuis la console numérique. Le nombre de jeux à tuyaux installés sera décidé en fonction du budget disponible. En construisant 5 jeux, on peut déjà avoir un instrument intéressant dans le cadre de l’accompagnement de chants : Montre 8′, Bourdon 8′, Flûte à fuseau 4′, Prestant 4′, Doublette 2′.
Il est inutile de prévoir des jeux de pédale à tuyaux. En effet, les grands jeux de pédales (soubasse, contrebasse, etc…) se diffusent de façon très homogène dans l’espace (les fréquences graves se diffusant plus facilement que les fréquences aigües) et il est probable que l’assemblée ne fera pas la différence entre une soubasse numérique et une soubasse à tuyaux.
Les mixtures et les anches peuvent également être restituées par la console numérique pour réaliser des économies sur le budget total de l’orgue, et pour éviter d’avoir à faire accorder régulièrement la partie à tuyaux (en effet, ce sont les anches qu’on accorde régulièrement).
Concernant le buffet de l’orgue à tuyaux, il doit y être prévu un emplacement à l’intérieur pour accueillir les hauts-parleurs de la partie numérique.
Interface
Pour que les touches des claviers et les pédales de la console numérique puissent faire parler les tuyaux, on utilise la sortie MIDI de la console, qui a été conçue pour cet usage. Chaque touche enfoncée, chaque note relâchée, chaque jeu activé, envoie un signal numérique dans la sortie MIDI de la console numérique. Il faut installer dans le buffet de l’orgue à tuyaux une interface de décodage MIDI, afin de traduire les informations MIDI en signaux électriques qui ouvrent et ferment les électrovannes du sommier de l’orgue à tuyaux. Il ne reste alors qu’à tirer un câble MIDI entre la console numérique et le buffet de l’orgue à tuyaux.
Il y a plusieurs fournisseurs qui proposent ce type d’interfaçage, et j’en dresserai la liste dans un article à venir.